C’EST MOCHE
Origines et sources de chaque évènement
PROLOGUE
Il y a plus d’un siècle, 109 ans exactement, mon arrière-grand-père Henri† Colliot s’apprêtait, comme des millions de conscrits, à entrer dans la plus grande tragédie que l’Europe allait connaître. Des millions de personnes allaient s’affronter, s’entretuer.
La boucherie de la Première Guerre mondiale dura 4 ans, laissant une génération d’hommes et de femmes marqués à vie.
Chaque famille connut son drame et s’efforça de le surmonter avec plus ou moins de succès. Mais personne n’oublia ces quatre années d’enfer ; elles entrèrent peu à peu dans l’Histoire, laissant la place à l’histoire de chacun.
Dans la famille Colliot, mes arrière-grands-parents décidèrent de ne pas parler de leurs souffrances.
Ce « silence » prévalut pour la génération de leurs petits-enfants.
Toutes et tous savaient que leur grand-père, Henri, avait combattu, qu’il avait été blessé et qu’en reconnaissance de ses services, il avait été décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre, « point ».
Ce ne fut que bien des années plus tard, en 1960, que mon père, Dominique, découvrit, rangé dans un tiroir d’une table de la maison familiale, dans un vieux portefeuille, un petit carnet, une carte de blessé, ainsi que deux documents relatifs aux citations* que Henri avait reçues pendant la guerre.
Ce carnet est de petit format. Il ne mesure que 12 cm x 5 cm et est écrit au crayon à mine gris pâle, avec une écriture fine. Henri y a transcrit son quotidien, du jour de sa mobilisation*, le 6 septembre 1914, au jour du 10 avril 1915, où il fut gravement blessé.
Il est impossible de lire ce carnet sans ressentir une grande émotion. La brièveté des notes et la simplicité du langage utilisé, reflètent la brutalité de l’instant et plongent le lecteur dans la tragédie du moment. Henri dévoile, à travers ces mots, la vie quotidienne d’un soldat du 169e régiment d’infanterie* dans l’enfer de la guerre de 14-18.
Souhaitant comprendre le contexte dans lequel il écrivit ce carnet, j’ai entamé des recherches sur : le contexte historique, les termes et jargons de l’époque, les lieux et les soldats cités ainsi que les Journaux de Marches et d’Opérations (JMO) de son régiment.
Afin que ce carnet et ce qu’il représente ne retombent pas dans l’oubli, j’ai entrepris de le publier en y incluant mes recherches.
Bonne lecture
Emmanuel Colliot
Printemps 2024
† Tout le monde dans la famille l’appelait Henri, mais tous ses documents officiels mentionnent Jules Henri Colliot. Pour respecter le nom qu’il préférait, je l’appelle Henri, sauf lorsqu’il s’agit d’une retranscription de documents officiels.